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Histoires d’une nation retrace l’histoire plurielle du peuple français et de son rapport structurel à l’immigration. Prolongeant les travaux académiques de Gérard Noiriel (Le Creuset français, 1988), Françoise Davisse et Carl Aderhold exposent les apports et l’évolution du statut des étranger.e.s et de leurs descendances, dans la construction du mythe national du Français. À l’aide d’images d’archives et d’entretiens avec des personnalités issues de l’immigration comme Benjamin Stora, Grace Ly ou Ramzi Bedia, ils transgressent le silence historiographique français autour de la question migratoire, de l’avènement de la IIIe République en 1870 aux émeutes des banlieues de 2005. Durant ce siècle et demi, Histoires d’une nation documente les trois âges d’un processus migratoire, selon le sociologue Abdelmalek Sayad : le voyage migratoire et les conditions d’arrivée, l’exclusion sociale et administrative de l’étranger.e dans la société française, et les réponses solidaires et sociales de l’immigration – la création d’un réseau associatif et la mise en place de la sociabilité communautaire.
1. Le pays où l'on arrive (1870-1927)
2. Des Héros dans la tourmente (1927-1954)
3. La Gloire de nos pères (1954-1974)
4. Générations (1975-2005)
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Résumé
1. Le pays où l'on arrive (1870-1927). La première partie illustre la volonté politique de "créer des Français" dans la IIIe République naissante – après les traumatismes successifs de la défaite contre la Prusse (1870) et de la répression sanglante de la Commune (1871). Alors que l’unité territoriale de la France s’intensifie par le développement du transport ferroviaire, l’école de Jules Ferry unifie l’imaginaire collectif des Français autour d’une langue commune et d’un passé commun, les Gaulois. De plus, la Seconde Révolution industrielle (1870-1910) nécessite une main d’œuvre conséquente et entraîne des flux migratoires intra-nationaux (Bretons, Auvergnats) et internationaux (Italiens, Polonais). Ces premières vagues migratoires marquent l’apparition d’espaces suburbains communautaires et les premières stigmatisations racistes, notamment lors du massacre des Italiens d’Aigues-Mortes (1893). Enfin, la fin de la Première Guerre mondiale construit la notion de "réfugié.e.s", fuyant les conséquences de la guerre ou des climats politiques instables (Russie, Arménie).
2. Des Héros dans la tourmente (1927-1954). Le deuxième volet se penche sur les enjeux politiques de l'assimilation à la société française des enfants issus des premières vagues d’immigration. Les années 1930 marquent, en corrélation avec le chômage massif découlant de la Grande Dépression, la résurgence du racisme. La vie politique se scinde entre une droite, conservatrice et xénophobe, et le Front populaire, qui rassemble les travailleu.r.se.s français.e.s et étranger.e.s autour d’une idéologie solidaire et progressiste. De 1936 à 1938, le gouvernement de Léon Blum bouleverse la société française entre autres par les droits donnés aux travailleu.r.se.s dont les congés payés. L’année 1938 amorce un retournement dans l’idéologie migratoire française et un net recul des droits des étranger.e.s, que le Régime de Vichy va accentuer durant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1939 et 1945, Françoise Davisse et Carl Aderhold soulignent le rôle primordial des soldats étrangers, légionnaires ou coloniaux, dans l’effort de guerre, et la sanglante désillusion des promesses gaulliennes.
3. La Gloire de nos pères (1954-1974). En 1954, "l’insurrection de la bonté" prônée par l’Abbé Pierre met en lumière les conditions de vie dramatiques des étranger.e.s - ayant pourtant participé à la reconstruction de la France - amassés dans des bidonvilles comme à Champigny ou Villeurbanne. Alors que les peuples colonisés acquièrent successivement leur indépendance, la Ve République durcit ses sanctions, politiques et administratives, à l’encontre des étranger.e.s (particulièrement des Algériens). Ce troisième volet démontre que les Trente Glorieuses se sont faites sans l’intégration des immigré.e.s. En effet, la division raciale du travail, précarisant les étranger.e.s, entrave l’ascenseur social en dépit de la mise en place des allocations familiales et de l’aide au logement. Les événements de 1968 aboutissent à la remise en cause des conditions de travail et à la ratification de la première loi contre le racisme en 1972. Néanmoins, cette période marque également l’émergence de l’extrême-droite et de l’intensification du contrôle étatique sur les immigré.e.s.
4. Générations (1975-2005). Le dernier volet se concentre sur le glissement identitaire de la politique française. Si l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 apporte de nombreuses réformes dont l’instauration du regroupement familial, les conséquences économiques du choc pétrolier de 1973 provoquent un repli politique et raciste imposant une pression accrue sur les immigré.e.s. L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, marquée par la symbolique régularisation des immigré.e.s afin de lutter contre le travail au noir, n’empêche pas une consolidation de l’idéologie portée par une extrême-droite renforcée et qui imprègne la gauche à partir du "tournant de la rigueur" (1984). L’effondrement du mythe républicain des grands ensembles de logements, amorcé dans les années 1970, témoigne de l’abandon des descendants d’immigré.e.s par l'Etat. L’apparition d’une contre-culture, portée par le cinéma (Rue Cases-Nègres, 1983, ou La Haine, 1995) ou la musique (le rap), n’endigue pas le virage identitaire de la vie politique surtout autour de l’élection présidentielle de 2002. Enflammées par les bavures policières et les injustices sociales en 2005, les banlieues demeurent la mauvaise conscience de la République et de ses manquements.
(Robin Miranda das Neves)
Descriptif technique
- Production
- Point du Jour
- Participation
- CNC, France Télévisions, Fonds Images de la diversité (CGET), Procirep, Angoa
- Réalisation
- Yann Coquart
- Conception
- Françoise Davisse, Carl Aderhold
- Année
- 2018
- Durée
- 220' (4x55')
- Double disque
- oui
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui