Falaises vertigineuses, plages de galets, ballast, carrières et autres terrils ; People Pebble, des gens et des cailloux. Un court film en pellicule et en noir et blanc qui oscille entre expérimental et contemplation. Vision mobile et fragmentée d’un paysage minéral, quelque part en Angleterre et dans le Nord de la France, qu’arpentent des foules oisives : promeneurs, motards, skieurs, géologues...

On se souvient de la zone, ce territoire post-industriel arpenté par le Stalker de Tarkovski en quête de rédemption. Ici la zone est arpentée par toutes sortes de touristes ; la déshérence industrielle des corons et des chevalets de mine a cédé la place au motocross et au ski d’été. Les gens se promènent gaiement parmi les collines dans l’insouciance des vacances ou d’un dimanche sous le soleil. Paysage post-industriel ou post-paysage ? Du haut de son grand âge, le monde minéral semble faire peu de cas de cette marmaille qui grouille sur son dos. Certains sur la plage, sous les falaises de craie, exhument des fossiles à coup de marteau quand d’autres bronzent ou scrutent le paysage. Mais aussi vrai que tout passe, le temps recèle une menace : untel pourrait chuter de la falaise, un rocher détaché pourrait en écraser un autre. La maison au bord du précipice tiendra-t-elle encore longtemps ? Questions que le film suggère, livrant le spectateur à l’inquiétante étrangeté de la nature.

(Sylvain Maestraggi)