アセットパブリッシャー
2010, documentaire, 130 min, couleur
Réalisation : Viviane Blassel
Vidéos
Cette collection de 40 films courts a pour but de faire connaître des métiers d'art. Ici ces savoir-faire sont avant tout liés à des personnalités. Pour chacun des films, Viviane Blassel présente un artisan qui lui ouvre son atelier, explique sa pratique et montre ses créations. La question de la transmission est souvent au cœur du sujet. Ils sont céramiste, ébéniste, orfèvre, bottier, gantier, relieur, verrier, forgeron, pour les métiers les plus connus, mais la plumassière, la dinandière, l'émailleuse, l'écailliste, le graveur héraldiste, le maître plisseur ou le créateur en parasolerie en surprendra sans doute plus d'un. La plupart de ces artisans ont été honorés du prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la main.
1. Bruno Legeron, fleuriste plumassier 2. Christopher Clarke, facteur d'instruments anciens à clavier 3. Emmanuelle Dupont, brodeuse-sculpteur textile 4. Grégoire Damico, luthier 5. Gripoix, émailleuses 6. Jean-Philippe Vauclair, tailleur 7. Pietro Seminelli, maître plisseur 8. Reinhard von Nagel, facteur de clavecin 9. Serge Amoruso, maroquinier designer 10. Yves Benoit, imprimeur gaufreur
Images
Résumé
1. Bruno Legeron, fleuriste plumassier. La maison Legeron, à Paris, figure parmi les derniers ateliers de plumes et de fleurs destinées à la haute couture ou au prêt à porter. Bruno, petit-fils des fondateurs, perpétue la tradition familiale en dirigeant la maison et sa dizaine d'ouvrières. Les outils d’origine servent toujours, les gestes restent les mêmes, mais les matières ont changé. Avec son tablier orné d’une plume, d’une fleur et de nombreuses épingles à nourrice, Bruno guide la visite. Découpe des pétales à l'emporte-pièce, gaufrage, montage sur tiges. Véritables trésors d’inspiration pour les créateurs, les tiroirs de l’atelier regorgent de roses, dahlias, orchidées et plumes de toutes sortes, le tout dans une gamme infinie de coloris. Bruno garde tout, des outils aux notes de son grand-père pour les dosages précis de teinture. Même la vieille caisse enregistreuse trône dans la pièce de réception des clients. Des clients comme la créatrice Anne Valérie Hash, ou bien des collaborateurs comme son voisin brodeur Régis Lièvre de la Maison Lanel, avec qui il va confectionner des parures de strass.
2. Christopher Clarke, facteur d'instruments anciens à clavier. Christopher a installé son atelier de restauration et de réalisation de pianos anciens près de Cluny. Avec son savoir-faire, il recrée à l’identique des instruments de maître, comme ceux de Conrad Graf ou de Sébastien Erard au début du XIXe siècle, et il retrouve ainsi les sonorités telles que les musiciens les connaissaient à leur époque. Comme pour ce piano à queue encore inachevé, de style viennois 1820 en bois d’if ("malheureusement très cassant"). Entre autres particularités : quatre leviers sous le clavier, chacun modifiant la sonorité, plus creuse, ou plus forte comme dans les pianos modernes, et un cinquième levier actionnant clochettes et batteur faisant résonner toute la caisse d'harmonie - pour la "musique turque". Tout est bien entendu réalisé à la main. Il faudra près de 2000 heures de travail pour réaliser le fac-similé du piano Erard de 1802 commandé par le musée de la Musique pour préserver l’original.
3. Emmanuelle Dupont, brodeuse-sculpteur textile. Cette jeune brodeuse-sculpteur de 27 ans a installé son atelier à Sauve, près de Nîmes. Ses créations envoûtantes à la beauté fragile, inspirées de la faune et de la flore, sont exposées sous des cloches de verre comme chez un entomologiste. Eelle détaille ses techniques, ses sources d'inspiration et ses projets. Sa pièce maîtresse, Phalaenopsis, est une sorte d'orchidée noire et blanche, composée d'ailes de papillon collées sur une mousseline de soie ; les pétales sont ajourés au point de feston ; le cœur est structuré par un perlage. A force d'incrustations et de bouillonnés, elle a quitté peu à peu la base du tambour à broder pour ne plus travailler qu'en volume. Pour ce col ou collier vaporeux, grappe de bulles blanches, elle a enserré des billes de verre dans de la mousseline de polyester, fait bouillir le tout, séché puis ôté les billes. Les bulles ainsi formées sont ensuite ajourées au pyrograveur ou brodées de minuscules perles blanches.
4. Grégoire Damico, luthier. Grégoire et sa compagne Gaële fabriquent des guitares électriques sur mesures, à l’écoute de leurs clients. Il est luthier, elle est électronicienne, et ils sont fiers d’avoir vendu une de leurs créations à Mick Jagger. Dans leur entrepôt près de Versailles, ils ont aménagé plusieurs espaces afin que les musiciens se sentent le plus à l'aise possible. Grégoire a d’abord appris l’ébénisterie, puis il a fabriqué des clavecins, des violons, avant de bifurquer vers la musique amplifiée. La guitare électrique lui permet une liberté totale des formes, du bois, des couleurs. Il faut environ 80 heures de travail pour une pièce, jusqu'aux vernis égrainés avant polissage pour un effet miroir. Gaële est chargée des installations électroniques. Pour se démarquer des instruments sortis d'usine, micros et préamplis sont aussi conçus sur mesures, selon les vœux du client. Charlélie Couture, amoureux de son instrument, a même confié qu'il dormait avec.
5. Gripoix, émailleuses. A Paris, l’atelier Gripoix fabrique des bijoux émaillés depuis 1869. Destinés surtout aux maisons de couture, ces bijoux composés de cuivre et de verre coloré imitent la joaillerie précieuse avec une grande liberté de formes et de couleurs. Béatrice Pascal dirige l’atelier, aujourd’hui racheté par Marie Keslassy, et les émailleuses Christine Azoia et Martine Pons font naître les couleurs sous la flamme de leur chalumeau. Depuis 30 ans, Béatrice a vu se succéder plusieurs générations de la famille Gripoix. De la fabrication à la main de perles de verre, rondes, côtelées ou baroques, l’activité s’est peu à peu orientée vers les bijoux en pâte de verre destinés à la mode. Martine et Christine donnent vie aux dessins de Marie Keslassy qui travaille aussi en collaboration avec des créateurs (ici Alexis Mabille), ou à ceux de clientes comme Loulou de la Falaise, qui fréquente l'atelier depuis longtemps. Une fleur se crée sous la flamme, pétale après pétale. Opacité ou transparence des couleurs, l’émaillage permet toutes les folies en imitant les pierres les plus précieuses.
6. Jean-Philippe Vauclair, tailleur. Dans la lignée de son grand-père et de son père, Jean-Philippe est devenu tailleur. Un savoir-faire qu’il transmet à son tour en dirigeant l’Académie internationale de coupe de Paris. Dans cette école technique sont enseignées toutes les étapes du métier, du patronage à la coupe à plat. Enfant, il accompagnait son père à l'Elysée qui allait "habiller" le général de Gaulle et sa carrure hors-norme. Héritier d’un savoir-faire d’exception et conscient d'un devoir de transmission, Jean-Philippe a su faire évoluer l'école en s'adaptant autant à l'industrie qu'à l'artisanat. Parmi les cinq classes, Agnès Bayle, professeur, présente celle de "construction géométrique de patronage". A l'appui de sa riche collection de livres anciens et de planches en couleurs, Jean-Philippe affirme que si les techniques ont évolué, les bases restent les mêmes depuis le XIXe siècle.
7. Pietro Seminelli, maître plisseur. Dans son atelier près de Bayeux, il applique les techniques traditionnelles de plissage et d’origami japonais non seulement aux tissus mais à d'autres matières, pour créer vêtements et objets de décoration (store, abat-jour). Il est assisté de Cathy Vaubaillon, tapissière, et Adrien Marchand, architecte, chargé d'informatiser la collection d'anciens moules. "C’est ce jeu très intime de la lumière avec la matière que l’on met en avant avec le pliage. Le pliage transforme une surface en volume, ce qui est le propre aussi de la sculpture." Plissage par moulage ou pliage à la main aidé d'un savant jeu d'épingles, le travail commence par le traçage de diagrammes transposés à l’empreinte. Les motifs se dévoileront à la toute fin, soit en relief soit par transparence ou jeux de lumières rasantes. Toujours en recherche, l'atelier prépare une exposition sur la tapisserie de Bayeux : casques et cottes de maille des costumes sont transposés en papier plissé en écailles.
8. Reinhard von Nagel, facteur de clavecin. Dans les années 1960, à la tête d'une petite menuiserie à Paris, Reinhard s'associe avec le musicologue William Dowd, qui fait partie de ces universitaires américains qui redécouvrent alors le clavecin. Leur collaboration durera 15 ans. Aujourd'hui, il enseigne sa pratique au Conservatoire et, dans son atelier parisien, il transmet son savoir-faire aux trois facteurs qui œuvrent avec lui. La caisse d’un clavecin, léger fantôme de bois brut, trône au centre. De l'affinage de la table d’harmonie, plus fine que celle d’un piano, va dépendre la sonorité si particulière de l'instrument. Thierry et Guillaume s'affairent aux touches du clavier. "Les gestes pour cet ouvrage sont un langage, et ce langage est compris par tous dans l’atelier" se félicite le maître. Une partition bien rôdée, mise en place il y a presque 50 ans, grâce aux connaissances encyclopédiques de William Dowd, de Harvard, et à la passion de Hubert Bédard, facteur québécois et claveciniste.
9. Serge Amoruso, maroquinier designer. Dans son atelier-boutique à Paris, Serge réalise toutes sortes d'objets en cuir, principalement des sacs à main. Ses créations sont aussi le fruit de collaborations avec d'autres designers telle Bina Baitel. Les formes sont épurées et les détails comptent : tel sac est profilé comme la tête d'un requin, tel autre a une patte en ivoire de mammouth, tel autre encore, en tissu et veau gras, est inspiré d'un porte-habit d'Humphrey Bogart. Portefeuille, bourse à ouverture en éventail ou étui de smartphone font alterner peaux et couleurs différentes. Car après le croquis de base vient le choix de la peau, chez son fournisseur, choix déterminant pour créer l’harmonie entre la forme et la matière. Avec, pour Serge, une nette préférence pour les peaux exotiques : crocodile, galuchat et autruche.
10. Yves Benoit, imprimeur gaufreur. Les Benoit père et fils sont les derniers à perpétrer une tradition propre à Amiens, le gaufrage de velours. La Ville leur a confié les cylindres et les planches en cuivre des anciennes Manufactures royales. L’atelier utilise cet héritage ainsi que des techniques plus modernes comme la gravure numérique pour fabriquer des étoffes recherchées par les professionnels, aux motifs typiques de la décoration française depuis le XVIIIe siècle. Yves et Germain présentent leur atelier, un bâtiment industriel de 1903 où se côtoient des centaines de cylindres d’impression en métal ciselé et toutes sortes de rouleaux d’étoffes. Rubens, Pigalle, Diamant, Clave, Nankin : autant de références mystérieuses pour désigner le motif de chaque cylindre. La technique d’impression, gardée secrète, est la même depuis le XVIIIe, et l’atelier bichonne ses presses d’époque. Devant nous, Germain imprime un motif en relief sur du velours à l’aide d’une plaque gravée enduite d’une pâte d’impression.
(Caroline Terrée)
Descriptif technique
- Production
- Dream Way Productions
- Participation
- CNC, Fondation Bettencourt Schueller, TV5 Monde, Stylia, ministère de la Culture et de la Communication
- Réalisation
- Viviane Blassel
- Année
- 2010
- Durée
- 130' (10x13')
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui