Pierre-Marie Goulet rend hommage à Michel Giacometti, ethnomusicologue d'origine corse et collecteur de chants traditionnels portugais. Avec des moyens matériels limités, et dans le contexte difficile de la dictature fasciste du général Salazar, il a, par son travail, sauvé un répertoire populaire menacé par l'oubli. Témoignages d'amitié et documents d'archives en noir et blanc complètent de longues séquences de chant choral encore pratiqué aujourd'hui.

Tous les témoins sollicités évoquent en termes dithyrambiques l'oeuvre de Michel Giacometti, aujourd'hui disparu. Portugal, 1959. "La liberté n'est que celle que le dictateur accorde" : la tradition est récupérée en folklore par le régime. Arrive alors un étranger, "chevalier errant" muni d'un carnet et d'un magnétophone, qui se passionne pour un pays, son histoire, son peuple. Il réalise l'enregistrement d'une première Anthologie des archives sonores portugaises, sur les polyphonies des paysans de Tras-os-Montes, Algarve, Minho, Alentejo, Beira, qui, épuisés par le labeur et la faim, finissent par abandonner leur terre dans l'espoir d'une vie meilleure en ville. Au cours d'une rencontre qui aurait ravi Michel Giacometti, un groupe de chanteurs de l'Alentejo et trois Corses échangent des mélodies et des réflexions sur l'origine de leur art. Les chants lents et austères, interprétés essentiellement par des choeurs masculins, alternent avec les images de l'ethnomusicologue au travail.

(Anaïs Prosaïc)