S’il est surtout célèbre comme dialoguiste – en 35 ans, il a dialogué 111 films dont Les Tontons flingueurs (1963) – les nombreuses archives ici proposées témoignent de la richesse de la carrière de Michel Audiard (1920-1985) en tant qu'écrivain, scénariste et cinéaste. Extraits de films et souvenirs de ceux qui l’ont connu, en particulier ceux de son fils Jacques Audiard, complètent ce portrait énergique et lettré, à l’image de son modèle.

Le dialogue n’est rien sans l’acteur selon Audiard, qui fera de Lino Ventura, Mireille Darc et Jean Carmet ses complices. Le scénariste trouve en Jean Gabin une source d’inspiration en même temps qu’il relance la carrière du comédien vieillissant : leur amitié donne naissance à 17 films dont Un Singe en hiver (1962). Audiard écrit ensuite pour Jean-Paul Belmondo des comédies d’action (L’Incorrigible, 1975). La Nouvelle Vague l’attaque sans reconnaître en lui l’homme de lettres : son style fait d’argot et de mots d’auteur se nourrit de Céline et de Saint Augustin. Moins à l’aise comme réalisateur, il tourne tout de même 9 films entre 1968 et 1974. Derrière l’anarchiste à l’humour cinglant, se révèle une douleur à fleur de peau : sa vision de l’homme se nourrit d’un souvenir historique traumatisant – une prostituée lynchée à la Libération – et c’est après la mort de son fils François qu’il écrit avec Jacques Audiard Mortelle Randonnée (1983), comme un travail de deuil familial.

(Martin Drouot)