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Sur mesures (3/4)

2010, documentaire, 130 min, couleur

Réalisation : Viviane Blassel

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Cette collection de 40 films courts a pour but de faire connaître des métiers d'art. Ici ces savoir-faire sont avant tout liés à des personnalités. Pour chacun des films, Viviane Blassel présente un artisan qui lui ouvre son atelier, explique sa pratique et montre ses créations. La question de la transmission est souvent au cœur du sujet. Ils sont céramiste, ébéniste, orfèvre, bottier, gantier, relieur, verrier, forgeron, pour les métiers les plus connus, mais la plumassière, la dinandière, l'émailleuse, l'écailliste, le graveur héraldiste, le maître plisseur ou le créateur en parasolerie en surprendra sans doute plus d'un. La plupart de ces artisans ont été honorés du prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la main.

1. Cathy Chotard, orfèvre, créatrice de bijoux    2. Christian Moretti, métallurgiste, forgeron, coutelier    3. Daniel Tribouillard (Léonard), créateur textile    4. Eric Leblanc, plâtrier, staffeur, stucateur    5. Gérard Desquand, graveur héraldiste    6. Gladys Liez, dinandière    7. Haguiko, céramiste   8. Isabelle Emmerique, laqueur voyageur   9. Julian Schwarz, tailleur de bois, sculpteur    10. Mathieu Lehanneur, designer, Claude Aïello, céramiste

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Résumé

1. Cathy Chotard, orfèvre, créatrice de bijoux. Dans le Vieux Montpellier, Cathy a installé son atelier pour créer des bijoux surprenants par leur structure et leur légèreté. Ils font feu de toutes sortes de matériaux plus ou moins insolites : papier, algues, fil de fer ou, plus canoniques, perles, or, argent. Son art est le règne de l'infiniment petit et de la minutie, et le fruit d'une passion enfantine auprès d'une grand-mère bricoleuse. Entre désir de liberté absolue et contraintes inhérentes au genre – un bijou doit être portable et solide, – Cathy a trouvé un style personnel. Fascinée par la structure des végétaux, elle façonne avec patience et dextérité des milliers d'éléments minuscules qu'elle assemble par empilement, juxtapose sur des montures filiformes, relie par des élastiques ou dresse sur des tiges.

2. Christian Moretti, métallurgiste, forgeron, coutelier. Dans le Tarn, Christian et son épouse ont fondé Metallica, un centre de formation aux métiers de la forge, notamment à celui de féron, l'artisan qui fabrique le lingot à partir du minerai. Pour eux, en effet, la création d'un objet en métal ne peut être qu'enrichie par la maîtrise de la matière première. Le forgeron réalise ainsi toutes sortes d'outils, lames et armes. Au centre, des stagiaires de tous horizons apprennent la chimie de l'acier et des autres métaux, ainsi que les traitements thermiques. Ils regardent le maître frapper au marteau une barre rougie au feu jusqu'à ce que naisse une lame tranchante. Puis ils pratiquent la "trempe" qui durcit le matériau, ayant pris soin de protéger l'acier par de l'argile. Christian lui-même a eu plusieurs maîtres, dont deux Japonais qui lui ont enseigné la fabrication du sabre traditionnel ou katana. Martine nous en montre un spécimen impressionnant réalisé à l'atelier.

3. Daniel Tribouillard (Léonard), créateur textile. Il a fondé la maison Léonard en 1958 à Paris sur une intuition, celle de faire de l'orchidée, fleur alors livresque pour un jeune Français, le motif quasiment exclusif de toute une vie dédiée à la création textile. Toujours aux commandes mais secondé par ses deux filles, le créateur a fait connaître ses soies aux couleurs vives (et ses porcelaines de Limoges) aux quatre coins de la planète, notamment en Asie. La réussite du motif repose avant tout sur la qualité des dessins préparatoires. Un bataillon de jeunes dessinatrices déclinent les orchidées à l'infini. Fleur très prisée par les Asiatiques, sa célébration par la maison parisienne ne pouvait que les séduire ; d'autant que, lors des présentations en Chine ou au Japon, les dessinatrices sont présentes pour des démonstrations. Dans les années 1980, le gouvernement nippon est allé jusqu'à commander une collection complète de kimonos, un événement vu le caractère national du vêtement.

4. Eric Leblanc, plâtrier, staffeur, stucateur. Dans sa ferme angevine, Éric crée des décors en staff (à base de plâtre et de fibres végétales) et en stuc (mélange de plâtre ou de poudre minérale et de colle, destiné à imiter la pierre et le marbre). Créateur et restaurateur, il recherche dans les archives les techniques anciennes pour redonner forme et lustre aux motifs qui ornent les châteaux de la région. Aidé de son apprenti enthousiaste, Éric montre les différentes étapes de la fabrication d'une corniche, notamment la mise en forme sur la table de poussage à l'aide d'un calibre en zinc, découpé expressément à l'unité pour façonner le plâtre encore mou. Ce qui l'anime en ce moment : la fabrication du carton-pierre. A partir de livres anciens et d'éléments encore subsistants, il cherche à comprendre cette technique du XIXe siècle qui permettait la réalisation de motifs en dentelle très fine, solide comme de la pierre. En tant qu'ornemaniste, il est amené à travailler en collaboration avec d'autres artisans, ici le doreur Marc Boutfol.

5. Gérard Desquand, graveur héraldiste. Meilleur ouvrier de France, Maître d'art, Président des Grands Ateliers, il collectionne les titres que lui confère l'autorité acquise en son domaine. Son expertise lui vient d'une longue tradition familiale et de sa formation à l'École Supérieure Estienne des Arts et Industries Graphiques, où il enseigne à son tour. Il considère le métier de graveur comme celui qui pérennise les traces que laisse l'homme et ce, à travers les symboles que fournit l'héraldique. Lorsqu'il orne une chevalière, c'est l'histoire d'une famille qu'il résume en quelques signes qui constituent l'écu. Grâce à ses innombrables poinçons exposés dans des boîtes - fleur de lys, étoile, tête ou patte de lion, etc. - il frappe le métal pour raconter les liens affectifs qui unissent ceux qui porteront la même bague. Gérard les compare aux expressions de rue actuelles, les tags par exemple, qui disent toujours l'appartenance à un groupe.

6. Gladys Liez, dinandière. La campagne près de Château-Thierry où elle réside permet à Gladys d'exercer son art sans déranger. Elle met en forme au marteau des feuilles de métal pour créer des objets d'art. Cet art physique et bruyant requiert énergie et endurance. Grâce aux formations de la SEMA (Société d'encouragement aux métiers d'art), elle a tout appris pendant deux ans dans l'atelier du sculpteur sur métal Fred Barnley : emboutissage, allongement, soudure, etc. Il nous fait visiter son atelier et commente ses dernières œuvres, dont un rubicube en aluminium. La résistance du matériau plaît à Gladys. Devant nous, elle découpe une plaque à la scie circulaire et chauffe ensuite le disque obtenu au chalumeau pour le rendre légèrement plus malléable. Puis vient la longue opération de martelage pour galber la pièce à sa convenance. Elle complète parfois l'aspect final par une gravure à l'acide. Le résultat donne une série de pots très épurés, patinés, aux courbes simples.

7. Haguiko, céramiste. Architecte de formation, Haguiko a quitté le Japon pour suivre les Beaux-Arts en France et découvrir d'autres pratiques dans l'art de la céramique, si à l'honneur dans son pays. Fascinée par les nuages, elle crée des œuvres qui les évoquent malgré leur forme orthogonale : panneaux muraux ou cubes-tabourets émaillés blanc sur bleu. Haguiko et Jean-Pierre, son époux, se sont rencontrés grâce à la céramique il y a 30 ans. Ils ont conçu et bâti de leurs mains leur "petite usine" comme ils l'appellent, un espace très ouvert sur l'extérieur selon le principe des maisons japonaises. Haguiko travaille l'argile en l'aplatissant à la presse comme une pâte à tarte ou en la frappant et la lissant à la palette. Le nombre de cuissons dépend du nombre de couches d'émail. Pour le patio d'une banque à Paris, elle a créé un vaste espace de méditation avec une table monumentale en raku noir, une technique à cuisson rapide qui provoque un choc thermique. Avec Jean-Pierre, elle travaille pour l'heure sur une commande : l'entrée du musée de la porcelaine à Limoges.

8. Isabelle Emmerique, laqueur voyageur. Elle a installé son atelier à Colombes il y a trente ans, mais son expertise reconnue la conduit souvent vers les origines de cet art, en Asie, pour y prodiguer des conseils et se confronter aux œuvres des artistes locaux. Primée à la Triennale d'Ishikawa au Japon, elle est soucieuse de transmettre son savoir : elle enseigne à l'Ecole Olivier de Serres à Paris. Ses voyages l'inspirent pour interpréter une atmosphère, une culture. Ainsi, en Birmanie, elle a crée des Portes chantantes, une collection de panneaux à double battants enchâssant des grelots de formes variées. Ses motifs sont souvent abstraits, géométriques, orientalisants ou non, flottant sur des fonds unis aux tons chauds ou jouant sur les contrastes. Le support peut être plat ou ondulé, c'est la brillance qui compte. C'est là le paradoxe de la laque : qu'il s'agisse de l'apprêt du bois ou des vernis colorés, les multiples couches sont opaques mais le ponçage de chacune d'elles confère la transparence finale.

9. Julian Schwarz, tailleur de bois, sculpteur. Avec Julian, le matériau prend tout son sens puisqu'il part du tronc pour réaliser ses créations, des récipients massifs, parfois ajourés, aux formes ondoyantes ou plus orthogonales. Mais tout commence par le choix d'un tronçon d'arbre, qu'il va patiemment fissurer avec des coins d'acier pour obtenir des demi-rondins. Fils de charpentier, il a toujours aimé le bois, et l'acier des outils pour le tailler. Dès l'âge de onze ans, il a pu apprendre les secrets d'ateliers en fréquentant une école londonienne spécialisée. Sa production dépend des arbres abattus qu'il récupère dans les scieries ou chez les fermiers voisins. La forme naturelle et les accidents de la matière orientent ses choix formels. À la hache et à l'herminette, il dégrossit le bloc, puis commence la sculpture proprement dite. Il remplit de nombreux carnets de croquis mais le modèle peut varier en cours de réalisation. Gouges et ciseaux variés entaillent les fibres pour évider la masse et créer rondeurs, angles ou niches.

10. Mathieu Lehanneur, designer, Claude Aïello, céramiste. L'un est designer à Paris, l'autre est céramiste à Vallauris. Mathieu et Claude ont mis en commun leurs idées et leur savoir pour produire des objets inédits : des vases joufflus à couvercle, noirs ou rouges, au profil accidenté, qui ont été honorés de plusieurs prix. L'idée de départ ? La pyramide des âges de différents pays, dont les données statistiques froides prennent soudain une forme émouvante. La représentation graphique de la répartition par âge de la population d'un pays à une date donnée a l'aspect d'une superposition de 100 strates de largeurs différentes, proportionnelles au nombre des individus du même âge, entre zéro et 100 ans. La conversion en trois dimensions par le céramiste sur son tour est complexe car il faut respecter la précision des strates, ce qui implique une quantité d'argile inhabituelle, entre 60 et 100 kilos selon la pyramide des pays. Cuire de tels volumes n'a pas été simple, notamment pour le Japon et sa pyramide lourde et compliquée.

(Laurence Wavrin)

Descriptif technique

Production
Dream Way Productions
Participation
CNC, Fondation Bettencourt Schueller, TV5 Monde, Stylia, ministère de la Culture et de la Communication
Réalisation
Viviane Blassel
Année
2010
Durée
130' (10x13')
Double disque
Couleur / N&B
couleur
Genre
Documentaire
Diffusion
  • Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques
  • Projection publique
  • Diffusion en ligne