Confinés dans un camp de réfugiés sahraouis en plein désert, une jeune fille intrépide et deux garçons désœuvrés tentent de prendre leur vie en mains. Ils aspirent à voir le monde, à trouver l’âme sœur, à gagner de l’argent, mais de tous côtés se dressent des murs. Les uns après les autres, les garçons prennent le chemin périlleux de l’exil. Faute de pouvoir partir, la jeune fille se rêve au volant d’une voiture roulant vers la liberté.

Le trio passe ses journées dans une chambre plongée dans la pénombre. On tapote sur son téléphone, on échange des vidéos avec les amis exilés en Europe. L’un des garçons frôle la dépression, l’autre, plus entreprenant, travaille comme mécanicien dans un garage. L’automobile aimante tous les rêves d’évasion. Impatiente de savoir conduire, la jeune fille peste contre le copain qui lui sert de moniteur. Le moteur cale, la voiture zigzague dans le désert mais pas question de renoncer. L’immobilité, ici, n’est pas que le lot des femmes, elle asphyxie tous les habitants du camp. Assigné à résidence, privé de ressources par le colonisateur marocain, le peuple sahraoui vit depuis 40 ans sous perfusion de l’ONU. Les hymnes patriotiques ne font plus vibrer la jeune génération. Pour la joie de quelques touristes, les jeunes du camp se livrent à une course débridée, non de chameaux mais de 4x4. L’équipée s’arrête net dans les dunes ; un véhicule s’est embourbé.

(Eva Ségal)

Cinéma du Réel 2019 : Prix Loridan Ivens-CNAP ; Prix des jeunes.