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Résumé
A Lua Platz raconte avec pudeur et au plus près la vie au quotidien de familles roumaines émigrées en Seine-Saint-Denis, et rappelle comment les institutions administratives et policières participent d'une politique de refus des étrangers, souvent au mépris de la loi. L'évocation de la stèle commémorative du bidonville de La Campa à La Courneuve souligne amèrement à quel point l'histoire se répète. Néanmoins, les solidarités demeurent, dont le Collectif Samaritain ici à l'oeuvre.
Deux hommes, de nuit dans leur voiture, tentent de contacter le 115. Ainsi débute A Lua Platz (Prendre place), dans lequel Jérémy Gravayat a accompagné de 2013 à 2018 une communauté roumaine installée en banlieue parisienne. Donnant à voir les paysages dévastés qui constituent leur quotidien – friches urbaines, zones périphériques, quartiers en profonde mutation –, le réalisateur suit leurs tentatives pour vivre décemment. Du bidonville à sa destruction, de leur installation dans des maisons inoccupées à leur expulsion, le film entremêle d'autres images : celles d'archives en noir et blanc de bidonvilles de La Courneuve et Saint-Denis tournées à la fin des années 1960 ; et d'autres en couleurs, des villages en Roumanie dont les familles sont originaires. Ce faisant, l'œuvre dépasse le récit d'itinéraires individuels pour révéler les paradoxes du déracinement auxquels se confrontent les exilés, ainsi que la permanence des politiques violentes d'exclusion. Si l'un des personnages affirme au début "l'espoir meurt en dernier", celui-ci semble progressivement s'amenuiser et "la terre promise, très loin".
(Caroline Châtelet)
Prix Camira du long métrage, Festival Entrevues, Belfort 2018.
Descriptif technique
- Production
- Survivance, L'Image d'après
- Participation
- CNC, Images de la diversité (CGET), ministère de la Culture et de la Communication (DGP), L'Abominable, Le Polygone étoilé, La Courneuve, Département Seine-Saint-Denis, Procirep, Angoa
- Réalisation
- Jérémy Gravayat
- Année
- 2018
- Durée
- 97'
- Double disque
- non
- Couleur / N&B
- couleur
- Genre
- Documentaire
- Diffusion
-
- Prêt aux particuliers par l'intermédiaire des médiathèques : oui
- Projection publique : oui
- Diffusion en ligne : oui
Avis
Sélectionné par
Composé d'images diverses, d'archives, de films super 8 et d'autres formats, tournées en France et en Roumanie, ce film, au montage travaillé, apporte des points de vue différents sur la situation précaire des roumains exilés en France, sur ce qu'ils vivent, sur leur combat quotidien pour trouver un endroit où vivre dans une banlieue parisienne. Que d'obstination de leur part, et du collectif Samaritain qui les soutient, pour tenter de retrouver une dignité ainsi qu'une reconnaissance auprès de l'Etat français ! Sans jamais tomber dans le misérabilisme, le film nous montre que la "débrouille" est surtout un acte de résistance et non de vandalisme comme on nous l'assène souvent. Si la violence de certaines situations n'est pas éludée, le film nous donne à voir également des scènes d'une grande douceur, entre nostalgie et mélancolie, entre vie rêvée et vie envolée. A partir du constat concernant l'accueil de la population rom en France, le film dénonce les ambiguïtés d'une politique globale d'immigration qui ne parvient pas à s'affranchir d'une forme de racisme.
(Sarah Doucet, Médiathèque d'Orléans)