Réalisé par Michel Andrieu et Jaques Kebadian, Les Révoltés retrace, à travers un montage d'images de films d'époque en noir et blanc, les semaines de mai et juin 1968. Des affrontements aux manifestations, des piquets de grèves d'usines aux assemblées générales dans les amphis, des revendications en passant par l'expérience collective du dialogue, et jusqu'au retour à l'ordre final, ce sont les multiples tempos et mouvements d'un soulèvement historique qui se déploient.

Parmi les lieux communs de Mai 68, il en est un selon lequel en dépit de la profusion d'images tournées, peu de films existeraient. Une idée erronée, et cinéastes, collectifs, amateurs ou étudiants n'ont eu de cesse de produire des œuvres documentant les événements. Jeunes réalisateurs en 1968, Michel Andrieu et Jaques Kebadian font partie de ces témoins actifs. Leur position s'énonce dès l'introduction : "Il y a cinquante ans, nous avons eu la chance de vivre et de filmer mai 68, cette pile dans l'histoire de notre pays. Aujourd'hui, nous y retournons avec les images, les sons et les commentaires d'hier." Sans ajout de commentaires donc, le film contextualise Mai 68 en évoquant d'autres luttes, avant d'en retracer minutieusement le déroulé chronologique, du 3 mai à la mi-juin. Mettant notamment en lumière l'expérience collective, les luttes à l'échelon national, l'intersectionnalité avant l'heure et l'apprentissage de "la révolution possible", Les Révoltés se clôt sur les blessés et les morts, conséquences de la répression violente.

(Caroline Châtelet)