Parti du grand nord russe sur les traces de la musique byzantine, dont la tradition a été préservée dans les liturgies des églises d’Orient, Olivier Mille propose un long et savant périple, ponctué d’impressionnantes escales en Syrie, en Ethiopie, en Egypte, en Grèce, et, pour finir, à Moscou. Chants et rites orthodoxes, expression de la ferveur chrétienne en terre d’islam, sont indissociables de l’esprit de résistance.

Avec ses églises dont l’architecture de bois imite les dômes du Kremlin, Kigi fut un phare spirituel de l’orthodoxie avant d’être transformé en goulag par Staline. Aux hymnes frigorifiés du sanctuaire de Carélie succède un spectaculaire solo a capella dans les ruines de l’église Saint-Siméon, en Syrie. Le quartier chrétien d’Alep foisonne d’églises syriaques, maronites, arméniennes. En Ethiopie, la fête du baptème du Christ célébrée sur le site extraordinaire des églises excavées de Lalibella réunit une foule en transe autour des chœurs et des danses de prêtres enturbannés et somptueusement parés. En Egypte, les coptes descendants des moines de l’église primitive perpétuent une musique datant de l’époque des pharaons. L’île de Patmos, en Grèce, où Jean l’évangéliste a rédigé L’Apocalypse, possède un monastère qui fut une école renommée pour l’enseignement de la théologie et de la musique. Les chants de Byzance revivent en Europe de l’Est et à Moscou, la Jérusalem slave.

(Anaïs Prosaïc)