Au Niger, les hommes de rang social élevé sont polygames et enferment leurs femmes dans des gynécées. Le film est tourné essentiellement dans l'un de ces lieux. Très proche des quatre femmes qui y vivent, Eliane de Latour montre comment la vie s'organise dans cet univers clos. Si les femmes se soumettent à la loi du Coran, les petites filles disent en jouant ce qu'elles en pensent.

Malgré l'enfermement, les quatre co-épouses parviennent à avoir des contacts avec le monde extérieur. Elles mènent de petits commerces : des intermédiaires achètent pour elles des produits en gros que leurs enfants revendent ensuite au détail ; leurs terres sont cultivées et on leur en rapporte les récoltes. Pour la nourriture, tout est à la charge du mari via l'intendant qui est souvent l'objet de plaisanteries. Elles ont toujours des relations avec leur famille d'origine, mais seuls les cadeaux qu'elles feront à l'occasion des mariages les représenteront. "Les rancoeurs prennent d'autant plus d'âpreté qu'une cinquième, très jeune épouse, est installée dans un autre village." Anthropologie visuelle sur le quotidien de ces femmes recluses.

(Nathalie Magnan)