La nuit s'est déjà bien installée quand Didier prend son poste à l'Observatoire de Haute-Provence - parce qu'en astronomie, "99% des observations se font de nuit" ; dans un hôpital, Melek, infirmière, commence son travail en souhaitant une bonne nuit à ses patients. Ces travailleurs de nuit représentent 15% de la population active, et la part des femmes est en constante progression. Frédéric Sauzay part à leur rencontre.

La rentabilité a imposé les trois-huit dans de nombreuses usines pour que "le process ne s’arrête pas" explique Françoise Devred Lorenzi, directrice des ressources humaines chez Ugitech. Si médecin du travail, ergonome, ou médecin du sommeil témoignent des risques liés au travail de nuit (problèmes cardio-vasculaires, cancers, ulcères, etc.), les travailleurs interrogés évoquent souvent ce choix pour plus de liberté, d'autonomie, de tranquillité, même s'il est moins compatible avec une vie de famille. Et nombreux s'accordent sur le fameux "coup de barre" entre 3 et 4 heures du matin où le corps semble avoir atteint ses limites. Ce qui n'empêche pas certains de le prendre avec humour : Anne-Sophie, infirmière, surveille la nuit des patients qui ont des troubles du sommeil ; Hervé, gardien de zoo, aime entendre les sons nocturnes des animaux "que personne d'autre n'entendra" ; Georges, chauffeur de bus, cueille très paternellement le long de son trajet les jeunes fêtards qui pourront terminer leur nuit de façon sûre.

(Mélanie Simon-Franza)