Deux copains sillonnent la campagne à bord d’une vieille Peugeot. De champs de pavots en rave party, de lacs en rivières, de villages en causses déserts, le temps d’un été, ils s’exercent à "un long dérèglement de tous les sens". Le nez au vent, ils vont là où bon leur semble. Mais à quoi rêvent-ils ? Portrait d’une France estivale et psychédélique, vue par deux bourlingueurs en quête d’absolu.

La Buissonnière est le premier volet de La Tierce des paumés, triptyque de Jean-Baptiste Alazard, membre, avec la photographe Lise Lacombe, du collectif La France entière, qui s’attache à retracer les pérégrinations d’une jeunesse utopiste et marginale. Le titre évoque bien sûr l’école buissonnière, le chemin qu’empruntent les cancres pour recevoir à l’air libre les leçons que prodigue la vie-même, loin des murs de l’école. L’expérience des deux personnages est rythmée par la prise de psychotropes, par la transe et les élans d’amour de l’ivresse. Elle a lieu sous le soleil ardent, sous les flashes des stroboscopes et dans le bleu de l’aube. Leur liberté s’exprime encore par le caractère expérimental des images, saturées et dispersées. L’immersion dans le monde de ces deux adolescents attardés, aussi naïfs soient-il, offre une échappée rimbaldienne dans le sillage des plus authentiques poètes. De leur hédonisme éperdu jaillit une question plus grave : comment trouver sa place ?

(Sylvain Maestraggi)