Dans un Paris populaire, Léon, jeune homme effacé et manquant de confiance en lui se révèle à lui-même et aux autres par l'apprentissage du tango. Ce parcours initiatique qui le mènera jusqu'aux championnats d'Europe se donne, aussi, comme un apprentissage de l'amour et de ses lois. Avec ce film loufoque teinté d'un burlesque mélancolique, Jean-Daniel Pollet creuse son sillon de la danse et de la puissance des corps en mouvements, aux sons de la musique d'Antoine Duhamel.

Après Pourvu qu'on ait l'ivresse... (1958) et Gala (1961), Jean-Daniel Pollet retrouve pour la dernière fois son acteur fétiche Claude Melki. Le timide Léon, garçon de bains-douches-saunas, qui évoque Buster Keaton par son tempérament et sa gestuelle, est humilié par ses collègues, invisible aux yeux des clientes, gentiment moqué par les prostituées ses voisines. Il vit avec sa cousine Lili dans un bistro en cours de transformation. C'est par elle qu'il découvre le tango et il décide de l'apprendre auprès de Georges et Rosy Firdman (professeurs de danse rencontrés par Pollet lors du tournage de Chez Georges et Rosy, en 1967). Un nouveau monde s'ouvre à lui, et avec la prostituée Fumée, ils remportent tous les concours de tango. Léon va ainsi gagner en assurance, au travail comme en amour. Dans ce Paris aux figures hautes en couleur (Micheline Dax, Edith Scob, Guy Marchand, etc.), la danse permet l'émancipation, à condition de s'ancrer dans une indéfectible sincérité. Car comme le confie Georges : "Les pas ne sont rien sans amour..."

(Caroline Châtelet)