En Norvège, à 1 300 kilomètres à vol de mouette au nord d'Oslo, Tromso est l'une des villes les plus septentrionales du monde, au-delà du cercle polaire. Face à elle, des îles aux montagnes arrondies protègent son port. Jusqu'à tout récemment, la mer a nourri et maintenu les hommes dans ces froides contrées. Repoussés plus au nord encore, les Lapons gardent le souvenir des mauvais traitements qui les obligèrent à quitter la ville.

Jusqu'au XVIII^e siècle, époque où l'Etat norvégien décide de développer ces lieux reculés, la seule ressource locale est le poisson séché, que l'on exporte vers le sud du pays, l'Angleterre et les ports de la Baltique. Déclarée "ville" en 1794, Tromso n'abrite que quelques maisons autour de son église. Un siècle plus tard, la localité fait figure de pionnière et attire les marchands du Sud. Lesquels instituent deux classes sociales : les commerçants qui fixent les prix et les pêcheurs qui dépendent d'eux. Tromso est aujourd'hui dotée d'administrations, d'une université, d'un hôpital et d'un aéroport. Très peu de ses 58 000 habitants vivent directement de la mer. Et malgré les lignes maritimes et aériennes qui la desservent quotidiennement, elle reste isolée. D'autant que ses habitants, fiers d'appartenir à "un monde étrange et difficile", refusent l'administration lointaine du Sud.

(Doucha Belgrave)