Un journaliste algérien sur les traces d’une révolution d’esclaves noirs au IXe siècle, une jeune réfugiée palestinienne qui navigue entre les ruelles de Chatila et les squats de Thessalonique, un groupe d’entrepreneurs américains prêts à faire main basse sur l’Irak : Révolution Zendj nous embarque pour un long périple à travers l’Orient, dans un monde arabe entre espoir et désillusion.

Commencé à la veille du Printemps arabe en 2011, Révolution Zendj procède avant tout comme une exploration géographique, une tentative d’état des lieux du monde arabe. Comme si, à l’heure du soulèvement, le film cherchait à faire résonner par de profonds coups de sonde les différentes strates qui composent ces territoires, à redessiner une cartographie où s’enchevêtrent le proche et le lointain. Du sud de l’Algérie aux marécages de Bassora, en passant par Beyrouth et son incroyable maillage urbain, le personnage qui nous sert de guide et porte le nom d’un explorateur arabe (Ibn Battûta) est en quête d’un souffle ou d’un sens, qui, au-delà des dissensions, des peines perdues et des incertitudes, pourrait éclairer la révolution. Si cette quête prend parfois l’apparence d’une fuite, c’est que face aux tensions inextricables qui traversent ce monde harassé, les personnages ne demandent rien d’autre que de pouvoir vivre et s’aimer librement, comme dans un film de la Nouvelle Vague.  

(Sylvain Maestraggi)