Tourné durant deux années autour du bassin méditerranéen avec la collaboration de Wolker Schlöndorff, soutenu par une musique d'Antoine Duhamel et un texte incantatoire de Philippe Sollers, Méditerranée, célébré par Jean-Luc Godard, est l’un des chefs-d’œuvre du film-essai. Une méditation sur l’origine de notre civilisation, au miroir de la mort et de l’oubli. Un film qui résonne encore de tout son mystère pour le spectateur d’aujourd’hui.

De quoi est-il question dans ce film ? Rien n’est plus difficile à dire. Il est question d’une violence et d’un appel, quelque chose comme la descente aux enfers d’Ulysse, éclairée par la lumière éblouissante qui descend du ciel pour se refléter dans la mer. Un film élémentaire qui s’interroge sur les éléments qui nous constituent. Fait de plans qui semblent coulisser, s’enrouler comme des atomes autour d’une signification sans cesse déplacée au gré de leurs correspondances : des falaises barbelées au-dessus de la mer, une jeune fille sur une table d’opération, des colonnes antiques, la mise à mort d’un taureau, une orangeraie... Des dieux grecs et égyptiens nous adressent des signes, des sourires de sphinx dont le sens s’est tu. Les monuments découvrent leur vérité de ruines, de débris du temps ou de guerres anciennes. Le miroir de la mer est comme une coupe offerte. Mais la mort qui partout s’immisce, ces images de barbelés qui se répètent, trouvent encore aujourd’hui bien des rimes.  

(Sylvain Maestraggi)