Fin 1994, dans la vallée de la Cynon, au sud du Pays de Galles, la mine Tower, fermée depuis quelques mois, est rachetée par l'ensemble des mineurs après la mise en commun de leurs indemnités de licenciement. A l'arrivée sur les lieux du réalisateur - qui y restera un an - la mine est toujours gérée par ses employés-actionnaires, et n'a jamais été aussi rentable. Chronique d'une expérience autogestionnaire, ses pratiques et ses implications.

"A la fermeture de la mine, nous avons compris que la seule façon de nous battre était de nous racheter nous-mêmes." Tyrone O'Sullivan, ancien mineur syndiqué et actuel président de la Tower, et l'équipe syndicale réussissent à convaincre banquiers et politiques de leur capacité à gérer la mine et à respecter commandes et délais. En un an, les bénéfices ont atteint l'équivalent de 40 millions de francs (environ 8 millions d'euros), et ce sera la même chose l'année suivante. Les salaires augmentent ; les congés payés passent à trente-sept jours par an ; une protection sociale sans précédent est mise en place. Pour autant, "la Tower n'est pas un conte de fées", rappelle son président : la double casquette de tous, employés et actionnaires-patrons, crée quelques ambiguïtés syndicales et quelques difficultés de management. Mais la confiance reste de mise. Et l'on envisage déjà la reconversion du site en complexe touristique et culturel dans la perspective de l'épuisement du filon de charbon, d'ici dix à quinze ans.

(Doucha Belgrave)