De Gorée (Sénégal), principale porte de la déportation massive de la population africaine (11 millions pendant 3 siècles), aux Antilles françaises, en passant par Paris, plongée au cœur de "l'identité noire". Devoir de mémoire, tabous, préjugés... la question est abordée du point de vue de l'écrivain (Gaston Kelman), du politique (Kofi Yamgnane), de l'artiste (Disiz la Peste) ou de l'associatif (Conseil représentatif des associations noires).

Maryse Condé, écrivaine, ou Christiane Taubira, députée de Guyane, élevées dans le respect des valeurs républicaines, découvrent leurs ascendants esclaves et par là, leur histoire, en faisant des études supérieures. Jusque-là, le passé avait été enfoui sous une chape de plomb. Mai 1998 à Paris, la manifestation des 40000 "Français descendants d'esclaves" sera une première étape identitaire, qui débouchera sur la "loi Taubira" (2001) pour la reconnaissance de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité. Comme l'explique l'historien Pascal Blanchard, l'abolition en 1848 n'a fait que justifier la conquête coloniale qui a suivi. L'image du "sauvage, non civilisé et dangereux" s'est cependant modifiée pour celle du "bon Noir", au relent de "racisme angélique" (Gaston Kelman), lors du 1^er conflit mondial et du besoin en troupes. Elle atteint son acmé à l'Exposition coloniale de 1931 : la grandeur de l'Empire et la loyauté de tous ses sujets sont mis en scène à la manière hollywoodienne.

(Rocco Labbé)