"Je suis un Wayana" chante fièrement le jeune David en ouverture. Mais que veut dire "être Wayana", quand ce peuple amérindien de Guyane française se trouve pris dans une administration et une civilisation qui phagocytent peu à peu ses traditions et ses modes de vie ancestraux ? Jean-Luc Cohen et Louis Bastin ont rencontré Victor, Tapinkili, Alouni ou Mimi Siku, jeunes ou anciens Wayanas qui, chacun à leur manière, répondent à cette question.

François Puzenat, instituteur à la retraite, sert de guide. Depuis Lussas en Ardèche où il évoque la culture wayana devant de jeunes élèves, il nous transporte jusqu'en Guyane, au village d'Antecum Pata où il fut enseignant. A ses côtés, nous rencontrons une communauté gravement menacée d'acculturation par l'irruption, parfois bénéfique, des technologies et concepts occidentaux. Pour cause d'enseignement obligatoire, les enfants quittent très tôt le village pour la ville et n'acquièrent plus les connaissances traditionnelles. Depuis l'introduction de l'argent via le RMI, beaucoup de Wayanas "se croient millionnaires" (Victor) et cessent de travailler. Et avec l'arrivée de l'électricité, comme le découvre Tapinkili, c'est l'organisation traditionnelle même des villages qui est remise en cause. Dressant le constat de cette "confrontation inégale qui leur laisse bien peu de chance", Anoumalë laisse malgré tout entrevoir par la parole donnée à la jeunesse wayana des pistes pour l'avenir.

(Damien Travade)