Dans son deuxième court documentaire, Lucie Demange suit le temps d'un été la séparation entre sa mère et son beau-père. À la faveur de séjours dans la maison maternelle en Normandie, elle capte (et accompagne !) autant cette étape importante pour sa génitrice qu'elle dialogue avec elle sur sa propre identité queer. Mâtiné d'humour et de tendresse, le film révèle derrière les trajectoires intimes les enjeux politiques des expériences traversées.

Lucie Demange regarde, en compagnie de ses amix George et Louv et de sa mère Agnès, des photos d'elle-même – prises lorsqu'elle était plus jeune comme très récemment. Avec cette séquence introductive, où les dialogues et la complicité entre les quatre vont bon train, affleure ce qui chemine dans tout Quitter chouchou : la question de la fluidité de genre de Lucie. Non pas que l'intitulé du film soit une fausse piste et il est bien question du départ d'un beau-père importun et collant. Mais aux côtés du soutien apporté par Lucie et ses amix à sa mère, les échanges comme les scènes donnent à voir avec intelligence et humour l'acceptation des proches de la cinéaste de son identité. Filmé au plus près et en caméra direct, nous immergeant dans les lieux de vie de sa mère (sa maison au Tréport, la plage, le jardin, etc.), l'ensemble se donne comme un vivifiant film de vacances, de retrouvailles, de famille et d'amitiés.

(Caroline Châtelet)

Prix Première Fenêtre - Cinéma du Réel 2023