Recherche du bonheur et nécessité du travail, deux dimensions qui semblent incompatibles pour l’immense majorité de nos contemporains à en croire les constats que Martin Meissonnier place en introduction de son film. Cependant, est-ce que le désengagement des travailleurs ne résulterait pas de la façon dont les organisations mobilisent leurs activités plutôt que d’une incompatibilité intrinsèque ? Pour répondre à cette question, l'enquête porte sur les expériences menées dans des entreprises ou des administrations tentant d’effacer les liens hiérarchiques et de privilégier les initiatives des employés, quelles que soient leurs places et leurs fonctions dans le processus de production.

Les témoignages recueillis vantent les résultats de ces méthodes de management qui, si elles ont fleuri au tournant du XXI^e siècle, s’esquissent dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement au Japon. Les résultats mis en avant sont aussi bien du côté de la performance économique que des salariés satisfaits d’être enfin reconnus. Meissonnier n’élude cependant pas les critiques portées contre ces méthodes, en pointant notamment les dérives, comme le retour du travail à la pièce, l’invisibilisation de la conflictualité ou la multiplication des tâches insensées ou futiles. Le film présente plusieurs études de cas dans l’industrie (Gore-Tex, Harley Davidson, Poult, Chrono Flex, Favi…), mais aussi les services informatiques (HCL Technologies) et le service public avec la sécurité sociale belge. Il alterne entre des entretiens face caméra et des commentaires en voix off sur des images d’archives ou des plans tournés in situ. La parole est tour à tour confiée à des dirigeants d’entreprise ou d’administration publique (Vineet Nayar, Jean-François Zobrist, Frank van Massenhove, Carlos Verkaeren…), des universitaires de diverses disciplines (Isaac Getz, David Graeber…) et des employés, dont des syndicalistes.

(Eric Arrivé)